20 juin 1899 à Béziers : naissance de Jean Moulin. Son père, Antonin Moulin, professeur de Lettres au Lycée Henri IV de Béziers, radical, franc- maçon, Conseiller général puis Vice- Président du Conseil Général de l'Hérault, Président de la Ligue des
Droits de l'Homme. Sa mère, Blanche Moulin, veille avec douceur et fermeté sur la famille. Joseph, le fils aîné, brillant élève, meurt en 1907 et ce décès marque profondément Jean Moulin. La sœur aînée, Laure, née en 1893, devient professeur
d'anglais en 1917 (Dès 1943, elle se consacrera à la mémoire de Jean Moulin).
1905 : Jean Moulin suit, à Béziers, des études élémentaires puis secondaires. Élève assez fantaisiste, il s'intéresse principalement au dessin et ses caricatures sont très tôt publiées dans la presse satirique. Il rêve d'entrer aux Beaux-Arts.
Juillet 1917 : Baccalauréat de Philosophie préparé par la rédaction d'un Mémento de philosophie fort remarquable.
Automne 1917 : inscription à la Faculté de Droit de Montpellier et poste d'Attaché au Cabinet du Préfet de l'Hérault.
Avril 1918 : Jean Moulin est mobilisé sans cependant participer aux combats, ce qu'il regrettera toute sa vie.
1921 : Jean Moulin, démobilisé, reprend ses fonctions à la Préfecture de l'Hérault.
1922 : chef de Cabinet du Préfet de la Savoie, Jean Moulin rencontre le très brillant député Pierre Cot qui deviendra son mentor et son patron jusqu'à l'automne 1941.
1922-1940 : très belle carrière de haut fonctionnaire. Chef de Cabinet à Chambéry, Sous-Préfet à Albertville, Châteaulin, Thonon, Secrétaire général à Amiens, plus jeune Préfet de France à Rodez puis à Chartres.
De 1932 à 1938 : durant plusieurs mois, Jean Moulin suit son patron Pierre Cot comme chef de Cabinet au Ministère des Affaires étrangères, au Ministère de l'Air, au Ministère du Commerce et de l'Industrie. Il s'initie aux problèmes de l'aviation populaire,
de la Défense aérienne, de l'économie, de la politique extérieure. Notamment, il joue un rôle important dans l'aide apportée officieusement par la France à la République espagnole et s'engage dans la lutte antifasciste et antinazie.
De 1917 à 1940 : durant toute sa carrière de haut fonctionnaire et même plus tard durant la Résistance, Jean Moulin ne cesse de dessiner, de peindre, d'acquérir des œuvres d'art, éclairé dans cette activité par ses amis artistes Jean Saint-Paul et Antoinette Sachs, qui le présentent aux plus grands artistes et intellectuels contemporains.
Septembre 1939, déclaration de guerre : Jean Moulin demande à partir au front dans l'Armée de l'Air comme mitrailleur mais le Ministère de l'Intérieur lui impose de rester à la tête de sa Préfecture à Chartres.
En mai, en juin et durant tout l'été 1940, Jean Moulin se révèle être un Préfet exceptionnel par l'héroïsme (il côtoie la mort pendant la nuit du 17 au 18 juin), par l'efficacité et par la fermeté, défendant la population face aux exactions de l'occupant
allemand et face à la répression exercée par le gouvernement de Vichy (notamment à l'égard des francs-maçons et des Juifs).
2 novembre 1940 : Jean Moulin, révoqué par Vichy, demeure en fonction jusqu'à la nomination de son successeur. Le 15 novembre, il se rend à Paris pour y évaluer les possibilités d'exercer une opposition à Vichy et à l'occupant ; il choisit de s'installer
officiellement à Saint-Andiol, au sud d'Avignon, dans la maison familiale, et il entreprend aussitôt des démarches pour gagner l'étranger mais il est dénoncé par un de ses anciens subordonnés et est interdit de quitter le territoire national dès
le 9 décembre 1940.
Hiver 1940-1941 et printemps 1941 : Jean Moulin entre en contact avec des opposants au régime de Vichy et des personnalités proches de la France Libre ; depuis Marseille, il sollicite le Consulat des Etats-Unis pour obtenir un visa de sortie du territoire.
En été 1941, Jean Moulin rencontre les premiers groupes de Résistance de la zone Sud (notamment Henri Frenay et les futurs responsables de Combat) ; il rédige un compte rendu détaillé de son activité à Chartres de mai à novembre 1940 (qui sera publié
par sa sœur Laure en 1946 sous le titre de "Premier Combat" et préfacé par le général de Gaulle).
Le 9 septembre 1941, départ pour l'Angleterre, via l'Espagne et le Portugal. Jean Moulin rédige, à Lisbonne, pour la France Libre et pour les Anglais, un long et exhaustif “Rapport sur les groupes formés en France en vue de l'éventuelle libération”
du pays.
Le 25 octobre 1941, après avoir été longuement interviewé par les Services de renseignement britanniques (il rencontrera plus tard Desmond Morton, le secrétaire personnel de Winston Churchill chargé des questions relatives à la Résistance française),
Jean Moulin est reçu par le général de Gaulle. Séduction immédiate et réciproque. Charles de Gaulle désigne Jean Moulin comme Délégué général du Comité National Français pour la zone Sud ; il le charge de financer et d'unifier les Mouvements de
Résistance et de veiller à ce que ceux-ci versent une partie de leurs effectifs militaires dans un organisme unique qui constituera, lors du débarquement allié, une Armée secrète.
2 janvier 1942 : Jean Moulin est parachuté en France. Le délégué du général de Gaulle rencontre les responsables des Mouvements de Résistance de la zone Sud (Combat, Libération puis Franc-Tireur) et ceux-ci acceptent de se ranger sous l'autorité du
général de Gaulle. Jean Moulin crée ensuite les différentes structures de Résistance d'obédience gaulliste en France : un Bureau d'Information et de Propagande, un Bureau des Opérations Aériennes, un Service Radio, un Comité d'Etudes ou des Experts
chargé d'organiser le pays lors de la libération du territoire ; il prend également de multiples contacts politiques.
A l'automne 1942, Jean Moulin obtient l'accord des Mouvements pour constituer l'Armée secrète placée sous le commandement du général Delestraint, un ancien patron et un fidèle du général de Gaulle.
Janvier 1943 : création officielle des Mouvements Unis de la Résistance... Jean Moulin a accompli la mission qui lui avait été confiée à l'automne 1941.
Février et mars 1943 : Jean Moulin, à Londres, en compagnie du général Delestraint, rencontre officiellement les responsables des états-majors alliés. Le général de Gaulle lui remet les insignes de la Croix de la Libération dans sa résidence privée
en présence de Madame de Gaulle et étend son autorité à l'ensemble de l'hexagone, lui demandant de réunir un Conseil de la Résistance.
Le 27 mai 1943, à Paris, rue du Four, Jean Moulin préside la première séance du Conseil (National) de la Résistance qui rassemble les représentants des Mouvements de Résistance, des Syndicats et des partis politiques engagés dans la Résistance, des communistes
à la droite patriote. Le Conseil exprime sa confiance dans le général de Gaulle pour libérer la France et restaurer la République.
A partir de mars 1943, certains responsables des Mouvements émettent de vives réserves vis-à-vis de Jean Moulin qu'ils accusent de placer la Résistance métropolitaine sous la tutelle du général de Gaulle ; plusieurs d'entre eux se rendent à Londres pour demander la fin de la mission de Jean Moulin qu'ils n'obtiendront pas.
Début juin 1943, depuis Alger, le général de Gaulle nomme Jean Moulin membre du Comité Français de Libération Nationale avec rang de Ministre, mais, le 9 juin, à Paris, le général Delestraint est arrêté en compagnie de plusieurs de ses agents, à la
suite d'une trahison et d'une très grave imprudence.
Le 14 juin, Jean Moulin écrit au général de Gaulle pour lui annoncer l'arrestation de Delestraint et le supplier d'envoyer en France des officiers supérieurs afin d'aider et d'encadrer la Résistance métropolitaine.
Le 21 juin 1943, il convoque une réunion à Caluire pour pourvoir provisoirement à la succession du général Delestraint à la tête de l'Armée secrète. Ce jour-là, en quelques minutes, tout l'état-major de la Résistance présent à la réunion est arrêté… Plusieurs explications peuvent être fournies relativement à cette catastrophe : renforcement de l'activité de la police allemande dans la perspective d'un débarquement allié dans le Midi ; imprudence inhérente à l'action clandestine ; grave erreur d'un
haut responsable qui a espéré jouer au plus fin avec la police allemande et s'est laissé enfermer dans un piège terrible pour lui-même et ses compagnons de combat ; trahison délibérée visant à éliminer Jean Moulin après le général Delestraint ?
Jean Moulin, après avoir été affreusement torturé à Lyon dans les bureaux de Klaus Barbie, meurt, peut-être le 8 juillet 1943, dans un train à destination de l'Allemagne.